
Pdv Rose :
C'est drôle comme parfois un son, un goût, une odeur, peuvent faire ressurgir une foule de souvenirs. Assise à la table des Gryffondor, j'attendais le moment du repas avec impatience, quand la cérémonie de la répartition avait commencé. En voyant les premières années se bousculer les uns contre les autres lors de la remontée de l'allée centrale vers le Choixpeau magique, le souvenir de ma propre répartition m'avait envahi sans que je n'y puisse rien. Je me souvenais parfaitement de tout ce que j'avais ressenti ce jour-là. La plupart des sorciers de Grande Bretagne s'accordait sur le fait que leur répartition était le souvenir le plus inoubliable de leur vie. Jusqu'à récemment, je pensais qu'ils exagéraient. Pourtant, cinq ans plus tard, je sentais encore l'odeur du vieux cuir au moment où le Choixpeau m'était tombé sur les yeux.
On nous avait fait attendre dix longues et interminables minutes dans une petite salle, et j'étais très angoissée à l'idée que l'on nous ait oubliés, mais ce n'était rien à côté de l'état d'Albus. Je reverrais toujours son visage luisant de sueur et ses yeux paniqués. Alors que la chaleur montait dans la pièce, le directeur adjoint, le professeur Flitwick, était revenu nous chercher, et nous avait fait pénétrer dans la grande salle. Je me souviens d'avoir trouvé le plafond splendide, encore mieux que dans les illustrations de L'Histoire de Poudlard, et puis j'avais dû soutenir Albus. Le pauvre était si angoissé, qu'il arrivait à peine à marcher, et c'est serré l'un contre l'autre que nous avions remonté l'allée.
Arrivé devant le tabouret, Albus s'était un peu reprit et avait suivi avec moi l'enchaînement des lettres. Lorsque « Malfoy Scorpius » avait été appelé, un grand silence s'était installé dans la salle. Lentement, le jeune blond que j'avais entraperçu à la gare avait pris le Choixpeau et l'avait mis sur sa tête. Cela avait duré longtemps, plus de cinq minutes, puis « SERPENTARD » avait résonné dans toute la salle, brisant le silence. Des hués et des cris s'étaient tout de suite élevés : « Le digne fils de son père !! », « Il finira comme son grand-père ! » ou encore « À bas le serpent ! » À cet instant j'avais senti Albus se raidir et je m'étais tournée vers lui. Il se tenait droit, campé sur ses deux jambes, les poings serrés et le regard déterminé. Je ne l'avais jamais vu comme ça, et j'avais presque eu peur de lui.
« Potter Albus ! » avait alors couiné le professeur Flitwick et le silence était immédiatement revenu. Toujours très droit, mon cousin s'était avancé jusqu'à l'estrade, s'était emparé du Choixpeau et l'avait enfoncé avec détermination sur sa tête. De nouveau il y avait eu une longue attente et inconsciemment je n'avais pu m'empêcher de retenir mon souffle. Puis... « SERPENTARD ! ». Ma mâchoire avait failli se décrocher sur le coup et le silence était devenu encore plus épais, si toutefois c'était possible, mais mon cousin n'avait pas eu l'air de s'en rendre compte. Semblant flotter sur un petit nuage, un drôle de sourire aux lèvres, Il avait traversé la salle et avait pris place près de Scorpius, sur un bout de table désertée des autres élèves. Sur un raclement de gorge insistant de la directrice, le professeur McGonagall, l'appel des élèves avait continué.
Lorsque Janice avait été envoyée à Gryffondor, nous étions tous un peu surpris. Nous avions pensée qu'elle serait dans la même maison que sa mère, vu leur ressemblance, mais après tout Albus était à Serpentard ! Je fus appelée en dernière et le Choixpeau, après avoir légèrement hésité avec Serdaigle, m'envoya à Gryffondor.
Depuis ce premier jour, je partageais mon dortoir avec 3 autres filles de mon âge : Janice Scamander, Mélissa Daudrelle et Juliette Finnigan. Si les deux premières étaient presque comme des s½urs pour moi, ce n'était pas le cas de Juliette. Cette dernière était très proche de son frère : Manuel Finnigan, le meilleur ami de James, en sixième année et lui aussi à Gryffondor. En réalité, elle en était tellement proche, qu'elle passait quasiment tout son temps libre avec lui. Plutôt froide quand elle s'adressait à moi, je la trouvais hautaine et mal élevée, mais je m'étais bien gardée de faire le moindre commentaire devant Manu ou James.
En parlant de James, Melissa était sa copine. Ils avaient commencé à sortir ensemble l'année dernière, et formaient un magnifique couple. Mel était d'origine moldu, et possédait un caractère farouche. Avec ses cheveux châtain foncé qu'elle coupait au carré et son attitude fière et déterminée, elle était la compagne parfaite pour mon cousin. Sérieusement, ces deux-là se ressemblaient tellement dans leurs attitudes, que parfois on aurait cru des jumeaux. Mais au contraire de son copain, Mel pouvait se montrer douce et compréhensive, c'était une véritable amie. Je retrouvais cette qualité chez Janice. Cette-dernière donnait l'extraordinaire impression que quoi qu'il arrive elle serait toujours là pour ses amis. Elle était un peu bizarre, enfin selon la plupart des gens, mais ses étranges prédictions sur l'ascension proche des Ronflack Cornus et sa manie de toujours savoir à quoi vous pensiez faisaient, pour moi, partie intégrante de son charme. Ça et ses longs cheveux blonds ondulés qui donnaient l'impression de n'avoir jamais vu une brosse de leur vie.
Je ne gardais pas vraiment un bon souvenir du jour de ma répartition, pas comme James en tout cas qui disait toujours que son admission a Gryffondor avait été le plus beau jour de sa vie. Non en fait je gardais tout simplement un souvenir, ni bon, ni mauvais et pourtant parfaitement clair dans mon esprit. C'était en essayant d'imaginer la scène différemment, avec Albus à Gryffondor par exemple, que je m'étais rendus compte que je ne changerais ce qui s'était passé pour rien au monde. Ça suffisait à faire de ce jour un souvenir heureux non ?
Pdv Albus :
-Albus ? Albus tu m'écoute ?
-Hein, quoi ? Oui oui...
Comme d'habitude je m'étais aplatis sur mon banc et presque bouché les oreilles lors de la traditionnelle « chanson » du Choixpeau magique. Que je vous explique : chaque année le nom de mon Père était mentionné, accompagné de la fameuse et déprimante liste de compliments, qui comprenait entre autres : grand héros, d'un courage exceptionnel, avec des pouvoirs étonnants, l'élu etc... M'intégrer à la maison Serpentard avait été dur, résister aux moqueries avait été difficile, sortir de l'image de Papa et devenir Préfet avait été presque impossible ! Je n'avais pas fait tout ce chemin pour avoir à supporter la pression des regards qui se tournaient vers moi lorsque le nom du héros national était évoqué. Je n'étais pas mon père, et il serait bon que les gens commencent à s'en souvenir.
James lui, était toujours très fier, de se clamer le fils du grand Harry Potter. Et moi aussi j'étais fier d'être un Potter, simplement j'avais une nette préférence pour l'anonymat. Je n'avais jamais aimé clamer les choses sur tous les toits. C'était pour cette raison que j'étais à Serpentard, pour cette raison que je faisais la chasse aux cartes de Chocogrenouille, pour cette raison que je m'aplatissais sur mon banc, ou ma chaise, à chaque évocation de mon nom de famille, pour cette raison encore, que mon frère et moi étions si diamétralement opposés.
-Tu es tellement rouge qu'on dirait un radis avec un coup de soleil ! Me souffla Kendra alors que la chanson s'achevait.
-Oh, tais-toi... la suppliais-je, en maudissant intérieurement Maman pour m'avoir transmis cette sale manie de rougir à la moindre bêtise.
Assis à ma droite, Scorpius jeta un regard noir à notre meilleure amie, puis se tourna vers moi avec un air compatissant :
-C'est bon t'inquiète, la répartition a commencé, ils ne font plus attention à cette stupide chanson.
-Merci. Lui dis-je avec reconnaissance.
Scorpius comprenait ce que je ressentais. À notre arrivée à Poudlard, lui aussi avait été persécuté à cause de ses origines. Son père avait trahi Voldemort pendant la guerre, et même le fait que son grand-père soit resté fidèle au seigneur des ténèbres toute sa vie, ne l'avait pas racheté auprès des 6ème et 7ème années Serpentard de l'époque. À leurs yeux mon meilleur ami était un traître à son sang, au même titre que les Weasley. Quant aux autres élèves, ils ne gardaient bien évidement à l'esprit que l'attitude de Lucius Malefoy, mangemort de sinistre réputation, fugitif mondialement recherché, et grand-père de Scorp. Résultat le blond était rejeté par à peu-près tout Poudlard. Heureusement que Kendra avait été assez maligne pour devenir amie avec nous deux !
Cela dit, les choses allaient beaucoup mieux à présent, pour mon meilleur ami comme pour moi. Nous avions su faire face aux ragots et répliques cinglantes des autres élèves, pour finalement devenir des membres respectés de la maison Serpentard. Mais parfois certaines gênes resurgissaient, en particulier lorsqu'on évoquait nos pères respectifs. Et puis je me disais souvent qu'en gagnant la confiance de mes condisciples de Serpentard, j'avais perdu celle de ma famille. Si au début cette pensée m'avait fait atrocement souffrir, ce n'était plus aussi douloureux aujourd'hui. Après toute la famille était supposé être toujours là dans les moments difficiles non ? Ce n'est pas parce qu'ils ne me considéraient plus de la même manière, que ça signifiait qu'ils allaient m'abandonner. Nous nous serrerions les coudes, Serpentard ou pas.
Si seulement j'avais pu savoir à ce moment, dans la grande salle, alors que le début de ma cinquième année s'annonçait, par qu'elles épreuves nous allions passer, je n'aurais sûrement pas eu autant de certitudes.
Après la répartition, le professeur McGonagall fit son habituel rappel du règlement qui incluait cette année, selon elle, 11 articles supplémentaires qu'il était possible de consulter, comme chaque année, sur la porte du bureau de Monsieur Rusard. Comme si un élève allait prendre le risque de s'approcher de Rusard juste pour consulter le règlement intérieur ! Le moment tant attendu du dîner arriva enfin. Les élèves n'avaient, pour la plupart, rien mangé le matin, faute de temps, et s'étaient ensuite gavés de sucrerie en tous genres dans le train. L'un dans l'autre tout Poudlard avait besoin d'un vrai repas.
C'est à ce moment-là que ça se produisit. J'étais en train de me resservir du rôti de porc, un de mes plats favoris, lorsque j'eus l'étrange sensation d'être épié. Vous savez, quand vous sentez que quelqu'un vous regarde avec insistance, presque comme si la personne cherchait à vous dire quelque chose avec son regard. Je me retournais vivement, mais les autres élèves étaient occupés à manger et personne ne faisait attention à moi.
-Est-ce-que ça va Albus ? Me demanda la cousine de Scorpius, une fille de troisième année prénommé Amanda. Tu es tout pale.
-Oui, oui ça va... marmonnais-je lentement.
Plus tard dans la soirée, alors que les assiettes étaient vides et que j'allais me lever, j'eus de nouveau cette étrange impression mais j'eus beau balayer la salle du regard encore et encore, je ne vis personne avec un comportement étrange. Une sensation de malaise m'envahit rapidement. J'avais un mauvais pressentiment.
-Eh, Scorp... commençai-je mais je m'interrompis presque aussitôt.
Qu'aurais-je bien pu lui dire ? « J'ai peur que quelqu'un me regarde ? » Non seulement j'aurais eu l'air ridicule, mais en plus ce n'était absolument pas le moment, je devais rassembler les premières années. C'est donc ce que je fis, non sans avoir jeté au préalable un dernier regard en direction de la table derrière la nôtre, celle de Serdaigle.
-Les premières années par ici s'il vous plaît !
La préfète de cinquième année qui venait juste de se mettre debout me fit signe d'un air impatient. C'était Zoé Nott. J'étais sorti avec elle l'année dernière, pendant environ un mois. Depuis que j'avais rompu, cette fille passait son temps à m'éviter, ce qui était inutile vu que je l'aimais bien, qu'elle était sympa, et que je n'avais rien contre elle, mais qui d'un autre coté m'arrangeait bien, car je n'aurais pas vraiment su quoi lui dire. Que dit-on à une fille après une rupture ? Ce n'était pas comme si j'avais un jour envisagé de rester avec elle. Elle n'avait été qu'une aventure, mais j'en savais assez sur le tact et la psychologie féminine, pour me rendre compte que le lui dire était de loin la pire chose à faire dans l'état actuel des choses. Cela faisait donc une personne de plus à Poudlard avec qui je me voyais dans l'obligation de prendre des gants.
Je me dirigeais vers elle tout en continuant d'appeler les premières années. Alors que je l'avais presque rejoint, je croisais le regard envieux de Rose. La pauvre, je savais qu'elle aurait adoré être préfète. D'ailleurs personne dans la famille n'avait compris pourquoi elle ne l'était pas. James avait essayé de la consoler en lui disant que McGonagall avait trop bu quand elle avait choisi les préfets, mais ça n'avait pas vraiment marché. Je repensais au regard que j'avais sentis peser sur moi tout à l'heure. C'était peut-être celui de ma cousine.
J'étais tellement perdu dans mes pensées, que j'avais à peine remarqué que nous étions sortis de la grande salle.
-Albus je te parle !
-Euh excuse-moi Zoé, j'étais ailleurs. Tu disais ?
Zoé sembla sur le point de fondre en larme et je me donnais une rapide claque mentale. L'été m'avait suffi pour oublier à quel point la jeune fille pouvait se montrer émotive.
-Oui je sais, tu es toujours ailleurs quand tu es avec moi, mais est-ce-que tu pourrais au moins te concentrer sur les premières années s'il-te-plaît ? Ou bien c'est trop de travail pour toi ? Lâcha-t-
elle d'un ton rageur.
Oula, pas si émotive que ça finalement. Peut-être qu'elle s'était endurcie pendant les vacances. Quoi qu'il en soit, je n'avais pas l'intention de laisser les choses s'envenimer entre nous. Aussi je ne répondis rien à sa provocation évidente, me contentant de la fixer en attendant qu'elle poursuive.
-Je te demandais si on leur montrait le raccourci de la tapisserie, pour éviter de passer par dehors quand il pleut ? reprit-elle, les lèvres pincées et les yeux humides. Ou bien tu es trop ailleurs pour ça aussi ?
-Il n'y a qu'un petit bout de cour à traverser pour aller au cachot ! Ils n'auront qu'à se débrouiller ! Répondis-je d'un ton agacé, commençant à en avoir marre de récolter toutes les remarques désagréables de ma camarade.
-Albus ! Cria-t-elle, la voix déformée par une colère contre moi qu'elle avait dû ressasser pendant deux mois. Tu ne crois pas qu'on aurait été content de ne pas arriver trempés à tous nos cours en première et deuxième année !
-Tu es trop gentille pour être à Serpentard.
-Et toi tu es trop méchant pour être un Potter. Me renvoya-t-elle en entraînant le groupe vers la tapisserie.
Le c½ur glacé par sa dernière phrase, je restais en arrière, planté au milieu du couloir.
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05/03/18 : Je re-poste mes chapitres de débuts parce que je me suis rendue compte récemment qu'aucun ne me satisfaisait réellement^^ Voilà petit caprice d'auteur mais je vous jure de rapidement poster la suite malgré tout ! Zoubis, zoubis <3
Akkemi, Posté le mercredi 14 décembre 2016 14:52
J'adore la dernière réplique !